Nous sommes témoins d’une situation inédite, le dernier hiver a combiné deux phénomènes exceptionnels, l’hiver 2014-2015 a été très doux et le prix des énergies fossiles a stagné voir baissé (selon les énergies) sur cette même période.
Cette situation n’est à priori pas durable et on constate des situations très différentes selon les énergies (voir fin de cet article).

Or, on l’a déjà constaté à l’occasion de baisses précédentes du prix de l’énergie par le passé, la tendance naturelle est que plus le prix de l’énergie est bas, plus les consommations d’énergie augmentent.

Attention à ce mauvais réflexe : « c’est un peu moins cher donc je consomme plus, je fais moins attention ».

On constate aussi ce phénomène lors des rénovations énergétiques des bâtiments : « cela va être moins cher donc je peux chauffer un peu plus ! ». De plus si on raisonne à plus long terme, les problèmes de la dépendance aux énergies fossiles et du dérèglement climatique demeurent entiers.

La relative baisse des prix de l’énergie doit au contraire être une opportunité pour agir et investir dans des solutions permettant de lutter contre le dérèglement climatique et de limiter notre dépendance aux énergies fossiles.

Ainsi, si l’hiver a été moins froid, si la facture est un peu moins lourde le bon réflexe n’est-t-il pas d’en profiter pour financer des petits travaux ? Ce cercle vertueux permettra de générer de nouvelles économies.

Par exemple pour les collectivités : optimiser le fonctionnement du chauffage dans les bâtiments et plus généralement mieux piloter les équipements utilisant de l’énergie. L’expérimentation d’un dispositif de conseil en énergie mutualisé entre plusieurs communes (au nombre de 25 sur le département de l’Isère), et appelé Conseil en Énergie Partagé, a permis à l’AGEDEN de déceler qu’en moyenne une économie de 2,10 euros par habitant était possible avec des investissements inférieurs à 5000 euros.

Éléments d’explication sur le contexte lié aux énergies fossiles

L’année 2014 a été l’année la plus chaude depuis 1900 selon météo France. Avec une température moyenne annuelle de 13,8°C, 2014 est une année présentant des températures 13% supérieures à la normale et 4 fois moins de jour de gel. L’indice utilisé par les thermiciens pour qualifier la rigueur hivernale (DJU) suit la même tendance => -16% par rapport à la moyenne des 10 dernières années.

L’année 2014 conforte une tendance =>le climat change et de plus en plus en plus vite. Les quinze années les plus chaudes depuis le XXème siècle ont été observées durant les vingt-cinq dernières années.

Le deuxième phénomène mêle, entres autres, des paramètres économiques, géologiques, monétaires, géopolitiques et technologiques. Cette équation complexe peut être résumée ainsi. Tout d’abord, du fait du ralentissement économique mondial, la hausse de la consommation en énergies s’est ralentie, amenant la production d’énergies fossiles en état de surcapacité. L’offre étant supérieure à la demande, le prix du pétrole a entamé une baisse en juin 2014.

A cela, vient s’ajouter l’émergence des pétroles de schistes d’Amérique du Nord qui ont quasiment atteint le niveau de production de l’Arabie Saoudite. Ces pétroles non conventionnels, dont la production est plus complexe et traumatisante pour l’environnement, ont besoin de d’un cours du pétrole élevé pour être rentables et compétitifs par rapport au pétrole conventionnel. Afin de ralentir l’arrivé du pétrole de schiste sur le marché mondial, l’Arabie Saoudite et la plupart des pays exportateurs de Pétrole ont décidé de maintenir le niveau de production et de garder un cours du pétrole bas. C’est une vraie partie d’échec qui se joue ; face à cette volonté de l’Arabie Saoudite de freiner l’arrivée des pétroles de schistes, les États-Unis misent sur l’innovation technologique pour diminuer les coûts d’extraction du pétrole de schistes et rester compétitifs par rapport au pétrole conventionnel.

Il est très difficile de savoir qui va l’emporter et combien de temps le cours du pétrole restera aussi bas. La seule certitude, dans cette économie mondialisée et financiarisée, est que le pétrole et ses produits raffinés ont des prix extrêmement volatiles. En regardant un peu en arrière, le baril était à 23$ en 2003 et a constamment augmenté pour atteindre les 100$ en 2007. Entre janvier et juillet 2008, le baril atteint 145$ et redescend brusquement à 36$ durant le 2ème semestre 2008 pour se stabiliser jusqu’en 2014 autour des 80$ le baril. Le rapport Chevalier estimait, après coup, que ces brusques variations du prix de pétrole étaient imputables à la forte montée en puissance des marchés financiers sur le secteur du pétrole et plus généralement des matières premières. Il ajoutait que la sphère financière traitant du pétrole atteignait 35 fois la sphère du pétrole physique du à une multiplication des acteurs, des produits financiers, des places de marchés etc…

De cette situation inédite ressort une opportunité d’agir localement pour limiter le dérèglement climatique et augmenter notre indépendance aux énergies fossiles. En effet, bon nombre de foyers et de municipalités vont réaliser des économies. Si pour un foyer, l’économie ne serait que de quelques dizaines d’euros, l’économie pour les municipalités serait de l’ordre de plusieurs milliers d’euros.

Or ces recettes inattendues, aussi modestes soient-elles, peuvent financer des petits travaux notamment pour, par exemple, optimiser le fonctionnement du chauffage dans les bâtiments publics et plus généralement mieux piloter les équipements utilisant de l’énergie. L’expérimentation d’un dispositif de conseil en énergie mutualisé entre plusieurs communes (au nombre de 25 sur le département de l’Isère), et appelé Conseil en Énergie Partagé, a permis à l’AGEDEN de déceler qu’en moyenne une économie de 2,1€ par habitant était possible avec des investissements inférieurs à 5000 euros.

Par les temps qui courent, cette cagnotte issue de cette situation inouïe est une réelle opportunité à saisir et l’équipe de l’AGEDEN est là pour vous aider à choisir les solutions les plus adaptées pour en profiter.

Sylvain MIN KIM – Chargé de Mission énergie et projets européens

Sources

Impact sur ménage : http://www.sofinscope.sofinco.fr/les-francais-les-depenses-energetiques-4/

Météo : http://www.meteofrance.fr/actualites/20344090-2014-annee-record-pour-les-temperatures-en-france-et-en-europe

Contexte pétrolier: <iframe src= »http://www.franceculture.fr/player/export-reecouter?content=4999155″ width= »481″ frameborder= »0″ scrolling= »no » height= »137″></iframe>
et http://www.sofinscope.sofinco.fr/les-francais-les-depenses-energetiques-4/

volatilité des prix : http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/100211rapchevalier.pdf

Prix des énergies : attention aux mauvais réflexes !