On appelle chauffage collectif un chauffage assuré par un seul système pour toute la copropriété. Généralement, la distribution de la chaleur pour les différents appartements se fait par un réseau hydraulique, qui alimente radiateurs ou plancher chauffant. Dans certains cas, la chaufferie est dimensionnée pour assurer la production d’eau chaude sanitaire également. Cet article présente succinctement plusieurs de ces solutions techniques afin de vous apporter des premiers éléments d’information et compréhension sur ces systèmes.
La pompe à chaleur, est-ce toujours une bonne solution ?
Une pompe à chaleur est un système qui permet de prélever de la chaleur dans un milieu pour la restituer dans un autre, amélioré par un procédé thermodynamique. Pour mesurer l’efficacité énergétique de la machine, on parle de COP (Coefficient de performance). C’est le rapport entre la quantité d’électricité consommée par la PAC et la quantité d’énergie produite sous forme de chaleur. Si le COP est de 3, cela signifie que la pompe à chaleur produit 3 fois plus de chaleur que ce qu’elle consomme en électricité. Lorsque l’on parle de pompe à chaleur, deux notions vont être importantes : la source chaude et la source froide.
- La source chaude, c’est l’endroit où la chaleur va être restituée.
- La source froide, c’est l’endroit où la chaleur va être prélevée. Il peut s’agir de l’air extérieur, mais aussi du sol ou de nappe phréatique. On l’appelle source froide car la température de cet environnement est souvent plus froide que la température de la source chaude, où l’on voudra injecter les calories prélevées.
Pour que n’importe quelle pompe à chaleur soit efficace, certains prérequis sont indispensables :
- Une différence de température entre source chaude et source froide la plus faible possible. Cela implique donc plusieurs choses. D’une part, si l’on veut que la température de la source chaude soit basse, il faut nécessairement que la maison soit bien isolée. En effet, pour une même température, on aura besoin de chauffer « moins fort » si la maison est capable de garder la chaleur qu’on lui envoie. Pour les pompes à chaleur à eau, les émetteurs de chaleur (les radiateurs) vont représenter également un enjeu important. Plus la surface d’émission sera grande et moins l’eau qui passe dans ces radiateurs devra être chaude pour avoir la même température finale. Il faudra donc prioriser les planchers chauffant ou les radiateurs muraux très grands. D’autre part, il sera important de garder en tête que le coefficient de performance sera directement impacté par la température de la source froide. Si la chaleur est prélevée dans l’air extérieur, alors le COP sera fortement impacté par la météo (il sera beaucoup moins bon quand il fera -15°C que lorsqu’il fera 5°C). En revanche, si la PAC prélève la chaleur dans une nappe phréatique ou dans le sol, qui sont des milieux peu sujets aux évolutions de température, alors le COP sera beaucoup plus stable et plus haut que sur air extérieur.
- Une installation bien dimensionnée et bien réalisée (réglages, loi d’eau, régulation,…). C’est vraiment un point capital. Il faudra bien s’assurer que l’installateur réalise une étude sérieuse pour que la PAC soit bien installée. Un suivi des performances est indispensable pour s’assurer du bon fonctionnement.

Dans le marché du chauffage collectif, il existe deux grands type de pompes à chaleur : les PAC air/eau et les PAC géothermiques.
- Les PAC air/eau (aérothermiques) sont des systèmes qui vont prélever de la chaleur dans l’air extérieur. C’est une solution très souvent étudiée car elle est simple à mettre en œuvre et le coût d’investissement est raisonnable. Elles peuvent parfois être couplées à des chaudières gaz existantes pour éviter d’utiliser la PAC les jours les plus froids, on appelle ça des PAC hybrides.
- Les PAC géothermiques vont nécessiter plusieurs forages afin d’aller récupérer de la chaleur en profondeur. Les PAC géothermiques se déclinent en deux catégories : sur champ de sondes qui prélèvent de la chaleur dans le sol ; et sur nappe qui prélève de la chaleur dans l’eau des nappes phréatiques (aussi appelées PAC aquathermiques).
Ces deux solutions sont très intéressantes car la température de leur source froide est stable toute l’année, peu importe la température extérieure. Bien qu’ayant un coût d’investissement assez élevé (le forage peut s’avérer coûteux), ce sont des solutions auxquelles il est très intéressant de réfléchir car profitable sur le long terme. Ce sont d’ailleurs ces types de pompes à chaleur qui réussissent à atteindre les meilleurs COP. Lorsqu’une copropriété est située proche d’une nappe phréatique, ses propriétaires ont tout intérêt à se pencher sur le sujet car la géothermie sur nappe est bien souvent moins onéreuse que la géothermie sur champ de sondes.

La chaudière biomasse, locale et renouvelable
On entend souvent dire « le bois pollue car sa combustion émet des particules fines ». Cela est vrai si on parle de cheminée à foyer ouvert ou bien de vieux poêle à bois. Mais si l’on parle d’une chaudière récente et bien utilisée, les émissions sont divisées par 100 à 1000 selon les appareils. De plus, les chaudières d’aujourd’hui peuvent avoir des rendements de l’ordre de 95%, elles n’ont donc rien à envier aux chaudières à combustibles fossiles (gaz ou fioul) en terme de rendement, et polluent beaucoup moins.
Le bois peut être utilisé comme combustible sous deux formes : le granulé (ou pellet) et la plaquette (ou bois déchiqueté). Le granulé est fabriqué à partir de sciure de bois. La plaquette, quant à elle, est obtenue en broyant les bois résiduels de l’exploitation forestière ou d’élagage, des déchets de scierie ou de bois recyclé. Notre région étant peuplée de nombreuses scieries et surfaces forestières, installer une chaudière biomasse c’est faire fonctionner l’économie locale. Le bois énergie est bel et bien une énergie verte!
Le granulé peut être utilisé peu importe la puissance de la chaufferie. Il a l’avantage d’être facilement transportable et assez dense en énergie. Il coûte plus cher que la plaquette, mais la mise en place de son installation est moins technique, donc moins onéreuse.
Pour l’utilisation de plaquettes, l’installation est plus technique à réaliser et nécessite plus d’espace, ce qui a tendance à donner un coût d’investissement plus élevé. Son utilisation est donc en général réservée aux chaudières de plus grosses puissances. On a tendance à dire que c’est au-delà de 50 logements dans la copropriété que la plaquette devient plus intéressante financièrement que le granulé, mais de nombreux critères sont à prendre en compte, et une étude au cas par cas est nécessaire pour le vérifier.
La chaudière bois a l’avantage d’être un système moins sensible que la pompe à chaleur. Elle peut facilement s’adapter sur des réseaux de chauffage existants, peu importe les émetteurs, la puissance ou le climat de la région. En revanche, cela nécessite d’avoir un local technique suffisamment grand pour accueillir la chaudière et le silo de stockage. Il faudra également prévoir l’approvisionnement du silo en granulés/plaquettes : cela nécessite un accès pour qu’un camion puisse se rapprocher du lieu de stockage. Le nombre de livraison du combustible dépendra bien sûr de la capacité de stockage du silo et la consommation. La gestion de l’approvisionnement est faite par le syndic ou confiée à l’exploitant pour les plus grosses installations.
Le réseau de chaleur urbain, se tenir chaud ensemble
Un réseau de chaleur urbain (RCU) est un réseau qui distribue de la chaleur à plusieurs bâtiments. Ce réseau est alimenté par une chaufferie centrale. Les énergies couramment utilisées sont la biomasse, le gaz, parfois le solaire thermique ou encore la valorisation de l’incinération des déchets ménagers comme à Grenoble ou Bourgoin-Jallieu.
Ce sont majoritairement les communes qui sont à l’initiative de ce type de projet, permettant de relier des bâtiments communaux (mairie, écoles, …), des logements collectifs, … Il arrive toutefois que ces projets soient portés par des acteurs privés (entreprise exploitant de chauffage, société à gouvernance citoyenne…).
L’avantage du RCU réside dans sa simplicité d’utilisation pour les clients. En effet, la copropriété n’a plus de chaudière mais une sous-station, elle n’achète plus de combustible mais des kWh de chauffage. Plus besoin de contrat d’entretien, plus de contrat avec des fournisseurs, plus de frais imprévus si la chaudière a besoin de réparation, seulement un abonnement avec le gérant du réseau de chaleur qui englobe ces éléments. Les réseaux publics sont des services publics gérés ou contrôlés par les collectivités avec un principe d’équité de traitement entre les usagers du réseau (chacun paie sa quote-part).
Les copropriétés qui sont à proximité d’un réseau existant peuvent demander le raccordement. Si une copropriété est dans le périmètre d’un réseau dit « classé », elle a une obligation de raccordement lors d’un renouvellement de chaufferie. La carte des RCU est consultable sur ce lien : https://france-chaleur-urbaine.beta.gouv.fr/carte
Le solaire thermique, pour profiter du soleil
Le solaire thermique a également toute sa place en copropriété, et peut être couplé avec toutes les solutions présentées ci-dessus. Elle permettra dans ce cas de réduire encore l’usage de bois, d’électricité, de gaz, ou même du réseau de chaleur urbain.
Les panneaux solaires thermiques sont installés en toiture, et permettent de récupérer l’énergie solaire (gratuite). L’eau circulant dans les panneaux va venir préchauffer l’eau chaude sanitaire voire l’eau pour le chauffage, en stockant l’énergie dans un ballon solaire.
Ce système est particulièrement indiqué lorsqu’il existe un bouclage ECS dans la copropriété.

Et pour terminer, quel système choisir ?
Le chauffage collectif est intéressant financièrement, notamment car il permet d’avoir un seul système à entretenir, donc de partager les coûts d’entretien. Le coût de l’énergie peut également être moins cher puisque achetée en plus grande quantité. Être en chauffage collectif, c’est aussi pouvoir changer de vecteur énergétique plus facilement. Et oui, c’est compliqué de sortir de l’électricité lorsque l’on est en chauffage électrique individuel !
Comme nous avons pu le voir précédemment, il existe de nombreuses solutions : lors de chaque projet, il est plus que nécessaire d’étudier quelles solutions seraient les plus cohérentes pour la copropriété, selon divers critères (technique, économique, surface disponible, …). Il n’y a pas de solution miracles, mais bien une solution la mieux adaptée à chaque copropriété. L’AGEDEN peut d’ailleurs être un soutien technique pour vous accompagner dans cette réflexion.
Il est également bon de savoir qu’il existe des aides financières nationales pour passer au chauffage collectif (MaPrimeRénov’ Copro, les Certificats d’Économies d’Énergie). Pour les copropriétés qui souhaiteraient passer à l’énergie renouvelable (chaudière biomasse, solaire thermique ou géothermie), le Fonds Chaleur de l’ADEME est une aide qui permet d’aller chercher jusqu’à 80% de financement.
