Attention, la non-conformité des installations par rapport au cahier des charges ou encore une mauvaise mise en service constituent autant de facteurs qui peuvent compromettre l’atteinte de l’objectif prévisionnel !

Notons tout d’abord que la phase chantier est une étape cruciale pour la vérification de la conformité des matériaux, de leur performance et de leur mise en œuvre. Au-delà de cette phase du projet il sera, dans beaucoup de cas, trop tard pour identifier et corriger les principales non-conformités et espérer atteindre un objectif qui n’aurait pas été correctement pris en compte durant cette étape.

Ensuite viennent les phases de réception et de mise en service qui ont souvent été l’un des points délicats des opérations performantes. Il est nécessaire d’y consacrer un temps suffisant et une attention particulière. C’est une condition indispensable pour garantir l’atteinte des objectifs énergétiques. C’est le moment où l’on vérifie si les installations, la mise en œuvre définitive sont en adéquation avec les exigences fixés au cahier des charges. C’est donc le moment d’émettre les réserves et de demander les corrections/ajustements nécessaires. Il peut d’ailleurs être judicieux, lors de cette phase (ou même plus en amont lorsque cela est possible) d’associer l’entreprise qui assurera la maintenance afin d’obtenir un avis du futur exploitant.

Remarque : la répartition des frais d’honoraires de maîtrise d’œuvre, selon les différentes phases du projet, pourra être un indicateur d’appréciation. Il faudra s’assurer que le montant correspondant à la phase AOR (Assistance aux Opérations de Réception) du bureau d’études fluides est bien dimensionné ce qui n’est pas toujours le cas.

Exemple de mise en service et mise au point

Nous avons suivi les consommations de chauffage d’un bâtiment de logements équipé d’une chaufferie collective. La consommation de chauffage du calcul RT2005 est de 46kWhep/m²Shab. A la fin de la première saison de chauffe, la consommation réelle, relevée au compteur d’énergie, était de 78kWhep/m²Shab soit près de 70% au-dessus de la consommation prévisionnelle.

Même si le calcul réglementaire ne peut refléter avec précision les conditions réelles, l’écart nous a paru important. Suite à la première saison de chauffe, un abaissement de la courbe de chauffe en chaufferie a été réalisé à partir du régulateur associé au circuit de radiateurs. Cet abaissement permet d’ajuster la régulation de la température du départ du circuit de chauffage en fonction de la température extérieure. L’opération ne nécessite aucun investissement, elle consiste juste à tourner le potentiomètre du régulateur de 2 crans (photo de droite ci-dessous).

Après la deuxième saison de chauffe, et après l’ajustement de la régulation, la consommation réelle est descendue à 53kWhep/m²Shab (après correction de la rigueur climatique) soit seulement 15% au-dessus de la consommation prévisionnelle (contre près de 70% avant la modification, soit un gain de 30% !). Cet objectif a ensuite été reconfirmé lors de la saison de chauffe suivante et constitue désormais le rythme de croisière du bâtiment.

Conclusion : nous constatons au travers de cet exemple l’importance de la mise au point des différents réglages des installations afin de s’approcher au mieux des consommations prévisionnelles.

L’un des indicateurs est la consommation d’énergie pour le chauffage en fonction de la rigueur climatique. Il est alors possible de comparer les consommations d’énergie d’une année sur l’autre pour une même rigueur hivernale. Les écarts constatés ne sont alors plus que dû aux changements d’usages, aux réglages de l’installation, aux dysfonctionnements ou bien aux modifications des caractéristiques thermiques du bâtiment.

La rigueur climatique est caractérisée par les Degrés Jour Unifiés (DJU) qui représentent la différence entre la température extérieure et la température ambiante de base. Ces données sont fournies quotidiennement par météo France.