Rarement réalisé, le suivi des consommations énergétiques, à minima de quelques indicateurs, permet d’identifier rapidement des écarts de trajectoires pour envisager des actions correctives !
De nombreux retours d’expériences ont montré que le suivi des consommations énergétiques est indispensable pour identifier et corriger les éventuelles dérives de consommations dans le temps. Ce sujet n’est pourtant pas souvent abordé par les maîtres d’ouvrage et ne constitue bien souvent pas une priorité pour celui-ci au regard des choix à faire lors des différentes étapes précédentes.
Il convient donc, lors de la phase de conception du projet, de ne pas oublier cette thématique et de bien définir le niveau de suivi en fonction des attentes et des moyens du maître d’ouvrage.
Pour les projets de petite dimension, des indicateurs simples doivent être définis. Pour cela, il est conseillé de prévoir un « plan de comptage » permettant de relever et suivre séparément les principales informations de consommations (consommations de chauffage, consommations d’eau chaude sanitaire, consommations électriques des systèmes, consommations de l’éclairage,…).
Il est également nécessaire de s’assurer que les compteurs (volumiques et énergétiques) ont bien les bonnes caractéristiques et qu’ils ont été mis en œuvre conformément aux règles de l’art ce qui n’est pas toujours le cas (positionnement des sondes et doigts de gants selon recommandations du fabricant, raccordement électrique, etc…). Ce contrôle doit être effectué au plus tard par le bureau d’études lors de la phase de réception détaillée dans les paragraphes précédents.
Remarque : pour les bâtiments neufs, le comptage est obligatoire dans le cadre de la RT2012.
Zoom sur la réglementation
Article 31 de l’Arrêté du 26 octobre 2010 relatif aux caractéristiques thermiques et aux exigences de performance énergétique des bâtiments nouveaux et des parties nouvelles de bâtiments.
Les bâtiments ou parties de bâtiments à usage autre que d’habitation, sont équipés de systèmes permettant de mesurer ou de calculer la consommation d’énergie :
- pour le chauffage : par tranche de 500 m² de SURT concernée ou par tableau électrique, ou par étage, ou par départ direct ;
- pour le refroidissement : par tranche de 500 m² de SURT concernée ou par tableau électrique, ou par étage, ou par départ direct ;
- pour la production d’eau chaude sanitaire ;
- pour l’éclairage : par tranche de 500 m² de SURT concernée ou par tableau électrique, ou par étage ;
- pour le réseau des prises de courant : par tranche de 500 m² SURT concernée ou par tableau électrique, ou par étage ;
- pour les centrales de ventilation : par centrale ;
- par départ direct de plus de 80 ampères.
Les outils de supervision (télé-relève et représentation graphique des consommations)
Lors de la conception, de plus en plus de maîtres d’ouvrages optent pour la mise en œuvre d’un système de télé-relève pour suivre à distance les différents paramètres du bâtiment. On parle de Gestion Technique Centralisée (GTC) lorsqu’il est possible de suivre à distance les différentes données de l’installation et piloter son fonctionnement en modifiant à distance certains paramètres (température de consigne, programmation horaire, etc…). Pour que cet outil soit fonctionnel, il est impératif de bien identifier les besoins du maître d’ouvrage et les moyens qu’il pourra consacrer à l’analyse des données (il est parfois préférable de se limiter à quelques données prioritaires pour ne pas alourdir l’analyse). Également, il est indispensable de bien définir la représentation des données en indicateurs (graphique, jauge, etc…) afin de faciliter l’analyse. Car bien souvent, les données relevées sur l’outil de supervision ne sont pas exploitables en l’état et le maître d’ouvrage abandonne l’utilisation de l’outil.
L’exemple ci-dessous montre l’évolution de la consommation de chauffage d’un bâtiment tertiaire (bureaux d’une collectivité) sur l’interface de l’outil de supervision. Le graphique fait apparaître deux saisons de chauffe successives. L’unité en ordonnée n’apparaît pas (on ne sait donc pas ce que l’on comptabilise…) et surtout la rigueur climatique n’est pas prise en compte. L’analyse est donc très limitée. Avec cette représentation graphique, il est impossible d’établir une interprétation sur une éventuelle dérive ou sur une possible optimisation de la consommation d’une année sur l’autre.
Il est donc nécessaire de définir des indicateurs intégrant à minima la rigueur climatique (cf exemple au paragraphe 2). On peut alors facilement comparer les consommations de chauffage d’une saison à l’autre. Cette problématique de suivi suscite néanmoins quelques questionnements surtout pour les communes ayant peu de moyens : qui relève les compteurs et surtout qui analyse les résultats ? Les communes ont-elles les moyens de le faire ?
Pour les communes inférieures à 2 000 habitants, un suivi à partir des factures peut souvent être suffisant. Plus généralement, ce suivi peut être réalisé par TE38 pour les communes adhérentes dans le cadre de sa mission de Conseil en Energie Partagé (CEP) (https://www.te38.fr/).