Un bâtiment pour 3 associations
Le bâtiment de l’ESP’ACE Air Climat Energie regroupe trois associations : l’ALEC, l’AGEDEN et ATMO Auvergne-Rhône-Alpes (ATMO Aura). Il regroupe environ 70 salariés, tous fortement sensibilisés et impliqués dans une démarche vertueuse d’économie d’énergie.
Le bâtiment en R+2 de 1 243 m² a été conçu strictement suivant la RT 2012 sans chercher à être une « vitrine » ou un modèle constructif. Néanmoins, certains points ont été suivis de près lors de la construction et la réception : des brise-soleil orientables (BSO) ont été ajoutés, l’étanchéité à l’air a été optimisée (avec des tests d’étanchéité réalisés en complément), et le choix a été fait d’un outil plus précis pour permettre une meilleure gestion énergétique.
Le bâtiment est alimenté uniquement en électricité (dont une partie produite par des panneaux solaires installés après coup). Un système de pompe à chaleur assure les besoins de chauffage et climatisation. Les consignes de chauffage sont réglées par défaut à 18°C, plafonnées à 23°C. La climatisation est activée manuellement selon les besoins des usagers, avec une valeur plancher fixée à 25°C. Les utilisateurs ont ainsi la main pour mettre en marche le chauffage, la climatisation ainsi que l’éclairage, tout en restant dans une plage acceptable. L’automatisme vient en complément pour couper ou abaisser en cas d’oubli.
Le suivi des consommations énergétiques
Le suivi des consommations est facilité par de nombreux sous-compteurs électriques. Couplés à une relève mensuelle, ils permettent via des outils simples développés en interne (tableur excel) d’analyser les consommations et de détecter rapidement d’éventuelles dérives.
La consommation globale annuelle en énergie finale du bâtiment est de l’ordre de 62 000 kWh, soit 50 kWh/m² tous usages compris (représentant 129 kWhEP/m2SU.an, à comparer à la moyenne française des bâtiments de bureaux construits en RT 2012 : 364 kWhEP/m2SU.an, selon l’étude publiée par l’Observatoire de l’Immobilier Durable pour l’année 2017).
Les prises de courant représentent le premier poste de consommation (38 % du total). Ceci regroupe les outils bureautiques, les serveurs, mais également les appareils de mesure de la qualité de l’air pour Atmo (fort impact). Ce poste est en augmentation de 8 % entre 2017 et 2018. L’une des explications vient de l’usage avec l’utilisation simultanée d’appareils de mesure spécifiques sur le dernier trimestre 2018.
En 2018 le chauffage représente environ 30 % des consommations, il est en baisse de 7 % par rapport à l’année précédente. Un hiver doux mais peu ensoleillé peut expliquer en partie cette baisse. Des travaux de confort (mise en place de portes à l’accueil pour limiter les courants d’air dans le hall) ont permis de modifier fortement la programmation du chauffage de cette zone : baisse de la température de consigne, tout en améliorant le confort.
L’éclairage est en hausse en 2018 d’environ 9 %. Un ensoleillement moins important sur la période hivernale peut en partie expliquer cette hausse.
Enfin il est à noter que la climatisation représente seulement 2 % à l’échelle annuelle, de même que l’eau chaude sanitaire.
Les consommations réelles comparées aux consommations réglementaires du calcul RT2012
Le graphique ci-dessous présente, pour les mêmes usages, les consommations réelles ainsi que les consommations prévisionnelles issues du calcul réglementaire pour la saison 2017/2018.
Contrairement aux autres postes, la consommation réelle liée au chauffage est supérieure à celle issue du calcul réglementaire. Ceci peut s’expliquer en partie par des hypothèses de calcul différentes de la réalité : le rendement théorique annuel de la pompe à chaleur est très probablement supérieur au rendement annuel réel, la température de consigne théorique de 19°C, prise en compte par convention dans l’outil de calcul RT2012, s’avère un peu juste dans certains bureaux surtout pour ceux situés au nord avec d’importantes surfaces vitrées. De plus, les systèmes de chauffage mis en œuvre (cassettes plafonnières à air pulsé) ont pour conséquence une dégradation du confort du fait de la vitesse de l’air ressentie par les usagers, et donc de nécessiter une augmentation de la température de consigne autour de 20°C voir 21°C.
La consommation réelle de la climatisation est, quant à elle, bien plus faible que la consommation prévisionnelle. Celle-ci est en effet peu utilisée par les usagers. Une stratégie de ventilation naturelle est mise en œuvre au quotidien : ouverture des ouvrants dès 7h30 le matin créant des courants d’air traversants afin de « rafraichir » le bâtiment, usage des brises soleil, etc…
Le graphique suivant a permis de visualiser la trajectoire des consommations de chauffage au fil de la saison de chauffe et pouvoir apporter des actions correctives en cas de dérives.
La première année est souvent caractérisée par une surconsommation liés aux réglages et aux ajustements nécessaires des installations ce qui fut le cas pour notre bâtiment. Malgré cela, on constate une augmentation des consommations de chauffage pour les deux saisons de chauffe suivantes pour une même rigueur climatique liée à une difficulté dans le paramétrage des différents systèmes et un probable temps d’adaptation de la part des usagers pour abaisser les températures de consignes. Pour la saison de chauffe 2018/2019, le suivi quotidien et l’ajustement des paramètres a permis une diminution des consommations de plus de 25% par rapport à la consommation moyenne des deux années précédentes, toujours à rigueur climatique équivalente.
Cette analyse fine permet de maintenir les objectifs de consommation énergétique (sensibilisation auprès des usagers, ajustement des programmations horaires, identification des consommations anormales et mise en œuvre d’actions correctives, etc…).
Une gestion rigoureuse du bâtiment ainsi qu’une forte implication des usagers permettent d’expliquer ces bons résultats.